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Les démarches

Mon mari et moi lui avons choisi un prénom. Avons-nous eu le choix? Ce prénom m'a été soufflé dans un rêve, ce rêve traqiquement prémonitoire de mon bébé mourant dans mes bras. Pour une fille, je pensais à un prénom court comme Mia, Maddy, Léa, juste des idées comme ça, persuadée que j'avais le temps de trouver celui fait pour mon bébé. C'est une évidence Angelina est le prénom idéal pour ma fille, inévitablement elle va devenir un ange, une jolie étoile. A peine, le prénom confirmé, mon mari a fait une folie, un geste d'amour complètement dingue et prématuré, il s'est fait tatouer Angelina au-dessus de ses clavicules. Le tatouage est magnifique, l'écriture est douce et puissante à la fois, comme Angelina, je respecte son besoin d'exprimer son amour, c'est sa fille, d'ailleurs chaque prénom de ses enfants est tatoué sur une partie caché de son corps. C'est  difficile de poser les yeux sur mon mari sans remarquer les lettres dépasser de son t-shirt à col rond, à chaque fois les larmes me submergent. Je finis par accepter son geste, ce besoin de faire vivre sa fille à travers son tatouage comme la marque d'un amour indélibile, ancré à vie sur sa peau, elle vivra à tout jamais à travers son père.

En attendant, je continue à profiter de ma jolie Angelina, je me prépare tous les plats que j'adore, j'écoute les musiques qui me font danser, je regarde des films qui me font rire, je lis des histoires à ses soeurs pour qu'elle aussi s'endorme au son de ma voix, je me ballade au bord de la mer pour écouter le bruit des vagues, je fais les marchés pour les bonnes odeurs, bref, tant qu'elle vit, je vis et je vibre pour elle.

Impossible pour l'instant de la laisser mourir, partir, devenir un ange. Angelina vit en moi, je la sens plusieurs fois par jour, je lui parle, la caresse, la taquine, lui offre tout l'amour et l'attention que j'ai pour elle. J'ai encore besoin de temps avant de lui dire adieu, mon mari qui souhaitait l'img dès la confirmation de la trisomie par l'amniocentèse, me laisse le temps nécessaire pour me préparer, m'organiser, au moins je ne pleure plus - pour l'instant. 

Je me suis accordée une longue parenthèse nécessaire pour profiter de ma princesse et créer un lien fort avec elle. Mon cheminement s'est fait progressivement grâce aux différents témoignages des paranges via les forums. Au bout de cinq semaines de réflexion, l'interruption médicale de grossesse apparaît comme la 'meilleure' solution. C'est notre choix de parents, celui de décider en notre âme et conscience de laisser notre enfant partir vers les étoiles pour lui éviter trop de souffrances physiques, celui de protéger nos autres enfants des allers retours au service néonat de Nice et du traumatisme de voir les malformations sévères de leur petite soeur, celui d'accepter notre incapacité à accompagner notre fille dans sa courte vie et à la voir rendre son dernier souffle dans nos bras, celui de garder notre place de parents, de couple, la place de nos enfants dans notre famille, celui de ne pas nous perdre nous-mêmes en plus de la perte de notre bébé.

Il n'y a pas de bonne décision, pour moi ça a été comme choisir entre la peste et le cholera. Chaque parent fait ce choix selon ses convictions personnelles, aucun choix ne demande plus de courage qu'un autre, aucun choix acte plus l'amour pour son enfant qu'un autre, aucun choix n'a à être jugé, validé ou imposé par autrui.

Respectons simplement la décision de chaque parent.

Nous rencontrerons la gynécologue du CHU de Nice fin mars pour lancer les démarches.

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Angelina, née sans vie - Deuil périnatal

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